La porte d'entrée de cette exposition est celle, singulière et peu explorée, de l'humour en architecture : un humour que Guy Rottier avait "théorisé" comme un puissant outil de vulgarisation, et qui est, dans "Jeux d'ARTchitecture" le fil rouge d'une (re)lecture de bon nombre de créations ou de prises de positions politiques ou doctrinales qui effleurent le ludique pour mieux revenir à l'essence des principes. Comme un souhait, une exhortation, comme une méthode aussi, l’architecte n’a eu de cesse au cours de sa vie d’explorer les ressorts d'une forme de malice, notamment à travers le jeu, qu’il soit jeu de mots, de contrastes, de formes, de situations, de société… "Architectes, soyez sérieux mais avec beaucoup d’humour !" rappelait-il dans un écrit autobiographique. Leçon de vie, de patience, leçon d’humilité aussi, l’humour et l’apparente légèreté semblent lui avoir permis de traverser son époque, de pousser ses rêves et ses idées à leur apogée, ou de supporter avec un sourire les échecs et les frustrations. Plus encore, l'humour apparaît comme un élément récurrent d’un rapport à la fiction qui nourrit ses créations : une fiction qui peut servir à penser l’architecture différemment, en créant des mondes nouveaux à vivre mais aussi (et déjà) en "changeant de logiciel", comme notre époque nous y exhorte si souvent aujourd’hui.
La sélection des œuvres (issues principalement de ce fonds d'archives mais aussi, pour une part, des collections du MAMAC), ainsi que la mise en espace proposent ainsi une plongée "à la Rottier" dans un univers ludique dans sa forme, mais sérieux dans ses interrogations visionnaires.
commissariat : Ève Roy / scénographie : Bancaù Architectes